Page:Cadiot - Minuit.pdf/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Ketha !…

La pauvre créature se souleva péniblement et entrouvrit les yeux.

À l’aspect de son mari et du spectre de son frère, elle laissa échapper un cri aigu, et retomba brisée comme quelqu’un qui sort d’un horrible rêve, pour entrer dans une réalité plus effroyable encore.

Le killecroff frappa une troisième fois.

— Ketha, va nous chercher à boire, murmura Hermann.

Mue par une force surnaturelle, fascinée par le terrible regard du pendu, elle se leva, tira du bahut quelques fruits secs et un morceau de jambon, et les posa sur la table entre les deux convives ; ensuite, elle rinça machinalement deux gobelets d’étain et les mit à côté ; puis toujours suivie par ces deux yeux qui semblaient des torches allumées par le feu de l’enfer, elle descendit à la cave pour y prendre les dernières bouteilles qu’Hermann y avait laissées.

Quand les bouteilles eurent été déposées devant lui, Fritz prit son gobelet et l’éleva en l’air.

Hermann le remplit jusqu’au bord et reposa la bouteille sur la table.

Mais le bras du spectre resta immobile et tendu, jusqu’à ce qu’Hermann se fût aussi versé à boire, et eût approché le vin de ses lèvres bleuies par la peur.

Alors la liqueur dorée sembla descendre par le gosier du killecroff comme par la bonde d’un tonneau