Page:Cadiot - Minuit.pdf/72

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vide. Et tout en buvant, il dirigeait encore vers le tisserand son regard fixe ; sons cette insupportable pression, l’infortuné fut forcé de boire aussi.

Quand Herman abaissa son gobelet, il retrouva, devant lui, le bras tendu de son hôte qui demandait encore du vin.

Il lui fallut remplir de nouveau son verre vide et renouveler la libation funèbre.

Et quand les deux premières bouteilles furent achevées, Fritz, toujours impitoyable, frappa pour en demander d’autres.

Toujours sous la domination infernale du killecroff, Ketha obéissait à ses signes sans conscience d’elle-même,

Fritz ne mangeait pas, mais il buvait toujours.

Le vin semblait circuler dans ses veines comme en des torrents avides et desséchés, sans animer son visage, sans échauffer ni assouplir ses membres rigides.

Enfin, quand la dernière bouteille eut versé sa dernière goutte de liqueur, quand le dernier gobelet fut vidé, le spectre se leva, et, d’un geste inflexible, fit signe au tisserand de le suivre à son tour.

D’un bond qui contenait une énergie suprême, le malheureux s’élança au fond de la chambre et s’accrocha de toute la force de sa plus puissante étreinte aux colonnes du lit. Puis, avec un cri déchirant, il invoqua une dernière fois Ketha comme un ange protecteur.