Page:Cadiot - Minuit.pdf/76

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— Nous sommes de grands égoïstes, nous autres vieilles gens, avec nos cartes ! Les enfants s’ennuient ; et, je vois d’ici ma jeune amie Pauline, regardant la table de boston avec une physionomie qui dit assez, combien elle s’intéresse peu à une indépendance en cœur. — Allons, madame de M***, il faut des jeux de tous les âges. Rangeons-nous un peu dans les coins, et faisons-leur une belle place au milieu du salon pour jouer aux jeux innocents.

La proposition fit lever les têtes penchées et les paupières alourdies.

— Docteur, jouerez-vous avec nous ? demanda la jeune fille désignée tout à l’heure par le nom de Pauline.

— Oh ! moi, chère enfant, je vous regarderai, et ce sera mon meilleur plaisir. — Je n’ai plus l’esprit assez vif pour répondre à mon corbillon, qu’y met-on ? ou à monsieur le curé n’aime pas les os ; ni les mouvements assez agiles pour me défendre au colin-maillard et à la main-chaude.

— Ah ! que si ! docteur, reprit la maîtresse de la maison. Puisque les jeunes gens jouent, il faut jouer avec eux et faire leur partie, si nous voulons qu’ils fassent ensuite la nôtre. Aussi bien, quel âge avez-vous donc, mon cher contemporain, pour faire le vieillard ? — Cinquante ans peut-être ?

— Eh ! mais, n’est-ce point l’âge des idées graves ? — Vous pouvez, chère madame, jouer avec votre fille ;