Page:Cadiot - Minuit.pdf/82

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amis. Vous êtes bien bonne de vous intéresser si vivement à la santé d’un pauvre vieillard qui l’année prochaine à pareille époque, sans doute, ne vous attristera plus de sa présence…

— Mon ami !

— Docteur !

Ce fut un cri de sympathie générale ; et pourtant, personne n’osa contredire M. Maynaud, tant depuis la veille son visage avait changé.

— Je suis vieux, mes amis, car en 1806 j’avais vingt ans et j’étais étudiant en médecine près la Faculté de Montpellier.

Or, le jour de la Toussaint de cette année-là, le temps était magnifique pour une journée de l’extrême automne. Un dernier soleil dorait les feuilles qui restaient aux branches des arbres, et revêtait d’un manteau joyeux les murailles les plus grises de Montpellier. Nous étions en vacances, car naturellement ou ne faisait point de cours aux fêtes carillonnées ; c’est pourquoi je partis avec trois de mes amis, — trois étudiants qui aimaient comme moi le grand air et la liberté, — pour aller explorer les environs.

Vers le soir, après avoir passé notre journée en courses à travers la campagne, nous nous rapprochâmes de la ville pour trouver dans l’un des faubourgs un petit cabaret apprécié des étudiants. Nous y reconnûmes quelques-uns des nôtres, la conversation s’engagea, et un copieux souper fut commandé à l’hôte.