Page:Cadiot - Minuit.pdf/92

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— « … Mais que vois-je ?… — Regarde !… — Qui se cache là-bas sous l’ombre d’une table ?… Un mort serait avec nous… Comme ces deux yeux brûlent !… — C’est un vivant, peut-être ?……

» Un vivant ?… un bourreau ?… — Oui ! oui ! c’est un vivant !… Vois comme il se replie sur lui-même… comme il semble demander un refuge aux murailles… Écoute dans sa gorge le râle de la peur… Ha ! ha ! c’est notre tour ! — Va, jeune fille ! va ! Je te le donne en proie !

» Mets ta main sur son cœur, tu sentiras s’il bat… — Bat-il ?… — Oh ! alors, venge-toi, trépassée !…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

 »

Le docteur chancela et ses lèvres devinrent blanches ; la parole expira dans sa gorge.

On s’empressa autour de lui ; on lui fit respirer des sels ; mais sa défaillance ne dura que quelques secondes. Ses yeux se rouvrirent, la parole lui revint, et il ajouta d’une voix étouffée :

— Alors je sentis les deux mains de la morte m’étreindre le cou d’un cercle glacé… et à la joue… — là où vous voyez cette cicatrice… où vous m’avez embrassé, Pauline, j’éprouvai une douleur si aiguë, que la pensée ne peut la concevoir. Ce fut d’abord une morsure, faite avec des dents qui semblaient des diamants de glace ; puis une succion horrible, qui aspirait ma vie…

Je perdis connaissance.