Page:Cadiot - Minuit.pdf/93

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Quand j’ouvris tes yeux il faisait jour, et j’étais dans mon lit avec une fièvre ardente. Autour de moi se pressaient mes camarades et mes amis.

— Eh bien ! me dirent-ils, en riant, que diable vas-tu donc faire la nuit à l’amphithéâtre avec les sujets ? — Prends-tu les mortes pour des grisettes, quand tu as bu ?

C’est aujourd’hui le jour des morts, répétai-je machinalement… — Les morts s’éveillent et se vengent !

Allons doive ! — Es-tu devenu fou ? — Nous allons faire sur ton crâne quelques applications d’eau froide…

Je racontai l’horrible histoire ; mais les étudiants ne virent dans mon récit que l’écho d’une heure de délire.

— Vision ! dirent-ils. — Fumées d’ivresse, mêlées aux souvenirs des contes de nourrice !…

Puis, ils s’efforcèrent de me démontrer au nom de la raison, 1 impossibilité des faits. Ils me racontèrent toutes les histoires d’hallucinations, depuis l’antiquité la puis reculée ; et je fus un moment prêt à croire que j’avais eu un épouvantable cauchemar enfanté par le vin et la peur.

Comme j’hésitais entre leurs raisonnements et ma mémoire, quelque chose dérangea un appareil que j’avais sur la tête, et je sentis une vive cuisson à la joue.

Toutes mes terreurs me revinrent ; je demandai une glace, eu jetant loin de moi les compresses et la char-