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chanter ! Adieu le bonheur naïf qu’avaient fait naître mon beau costume et le sourire approbateur des grisettes ! En ce moment, je crois que je n’aurais pas eu de plaisir à souper avec mes amis, quand même Mariette eût été à côté de moi !

Sous le péristyle, la foule était grande, car les voitures avançaient lentement. Nous dûmes attendre un peu pour gagner les portes.

Tout à coup, au moment de franchir les marches, je reconnus mon domino appuyé contre une colonne, laissant passer la foule et dans l’attitude de quelqu’un qui attend.

Je poussai rudement mes voisines, et en une minute j’arrivai jusqu’à elle.

— « Madame, lui dis-je, vous attendez peut-être votre voiture. Permettez-moi d’aller la chercher. »

Elle poussa un petit cri en me reconnaissant, et me répondit :

— « Merci, monsieur, je l’ai envoyé demander. »

Je restai immobile à côté d’elle, et sans rien ajouter, car une idée sinistre venait de me traverser la cervelle. « Elle aura trouvé un autre cavalier, » me dis-je.

Cette idée me consterna. J’éprouvai d’abord comme une sorte de jalousie et de colère, puis un désenchantement cruel.

« Ainsi, pensai-je, Alfred avait raison !…