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— « Voilà les huîtres, s’écria-t-elle, mangeons ! — As-tu faim, toi ? — Pour moi, il me semble que je vais dévorer ; de ma vie je n’eus l’appétit plus ouvert. »

Elle mangeait de si bon cœur, en effet, que la faim me vint. D’ailleurs, du moment que j’eus fait le sacrifice de mes désirs, mon embarras cessa tout à coup. Toutes les préoccupations de la timidité aux prises avec la passion s’envolèrent.

Je sentis que j’avais chichement dîné et beaucoup dansé. Je cessai d’être rouge et tremblant, et je redevins comme au commencement du bal.

— « Ah ! fit-elle, ta maîtresse te boudera pour ton escapade de ce soir… »

Je haussai les épaules avec un regard qui voulait dire :

— « Que m’importe ma maîtresse ?…

— « Tu lui raconteras ton aventure. Elle rira.

— « Je ne lui raconterai rien, ni à mes amis non plus ; je garderai mon bonheur pour moi seul !

— « Vrai ?

— « Vrai !

— « Ainsi tu serais discret… Tu ne céderais pas au désir de montrer à un ami, par la fente d’une porte, une jolie femme qui viendrait voir, une fois, où tu es logé ?