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— « Hélas ! tu n’en sais pas assez sur le cœur humain pour que je le croie ; et moi j’en sais trop.

— « Et toi, si savante, tu ne comprends pas que je suis amoureux, que je te poursuivrai, que je veux t’aimer et être aimé de toi ?

— « Je comprends que tu m’obéiras… Mais ne faisons pas de projets ! l’avenir est trop court pour nous ! »

Elle tira sa montre.

— « Il n’y a plus qu’une heure !

— « Par exemple ! »

Nous étions au dessert. Je me levai et retournai m’asseoir, près d’elle, sur le canapé. Elle ne me repoussa pas. Mais, au contraire, elle me prit par le cou, et posa ma tête sur ses genoux.

Je jouais avec ses mains, dont les doigts effilés et blancs écartaient mes cheveux pour dégager mon front.

— « Dis-moi un peu si tu travailles bien pour tes examens, me demanda-t-elle.

— « Sans doute ; mon père veut que je revienne avec mon diplôme aux vacances.

— « As-tu des frères et des sœurs ?

— « Nous sommes cinq. — Mais, repris-je, en essayant de me lever pour prendre l’avantage, je réponds à tout ce que tu me demandes, et toi tu restes comme un sphinx devant moi ! Je veux savoir aussi bien des choses… Es-tu mariée ? — As-tu des enfants ?