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— « Oh ! oh !… curieux… et imprudent ! qui oublie l’histoire de la boîte de Pandore ! s’écria-t-elle en me maintenant d’autorité dans mon doux esclavage.

— « Mais, non, je ne l’oublie pas ! Que m’importe que tous les maux s’en échappent, si l’espérance doit rester au fond !

— « Oui, j’ai des enfants, continua-t-elle d’une voix ferme : j’ai une petite fille qui aime beaucoup les poupées et elle les crève et leur découd la peau pour voir ce qu’il y a dedans.

— « Oh ! elle est féroce, ta fille !

— « Non, elle fait de sa poupée ce que tous les humains font de leur idole, — ce que tu ferais de moi, si je te laissais faire, — elle la pare et la déchire jusqu’à ce qu’elle soit arrivée à la déception. »

Tout en parlant, elle égrenait une grappe de raisin et m’en faisait sucer les grains. Moi, j’embrassais ses doigts, qu’elle retirait avec une mutinerie charmante, pour me les rendre ensuite. Et tous deux nous nous abandonnions à une ivresse étrange, pleine de silences attendris et d’éclats de rire.

C’était comme l’allegro éblouissant d’une partition italienne ; puis, tout à coup, au milieu de cette gaieté, elle lançait une pensée sérieuse comme une note mélancolique, et je restais plongé dans une rêverie profonde.

Alors elle recommençait à dire des folies :