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temps à autre, elle tirait sa montre et regardait l’heure avec une pénible contraction de sourcils.

— « Allons ! dit-elle, il faut partir !… Quatre heures et demie ! »

Elle sonna vivement. Le garçon apparut, une note à la main. J’avais oublié depuis longtemps le quart d’heure de Rabelais. Tout à coup je changeai de couleur.

Peut-être trouverez-vous que je m’appesantis plus qu’il ne convient sur cette misérable question de francs et de centimes. Mais quoi ! je vous raconte tel qu’il fut cet épisode de ma vie de jeunesse. Si je n’ajoute rien, je ne veux rien retrancher non plus. Eh bien, la vérité, c’est que la note vint et que j’eus le frisson.

Toutefois, j’avançai vivement la main pour la saisir ; mais, plus prompte que moi, ma compagne jeta un louis au garçon en disant : « Payez-vous. »

Le garçon redescendit.

— « Eh bien ! m’écriai-je, rouge de honte, que faites-vous donc, madame ?

— « N’est-ce pas moi qui t’ai invité ? me répondit-elle en riant de mon air piqué.

— « Oh ! vous me traitez trop en enfant ! Je ne souffrirai pas…

— « Quoi donc ? Veux-tu nous quereller au moment de nous dire adieu ? — Moi non plus je ne souffrirai pas… Au surplus, reprit-elle,