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quelques heures au beau pays de l’insouciance et de la liberté… J’ai oublié…, tu as aimé… Le ciel ne nous en devait pas tant ! »

La voiture s’arrêta. Le cocher descendit pour ouvrir la portière. Mon cœur se serra ; les larmes me vinrent aux yeux. Elle le vit à la lueur du réverbère et me serra les mains en silence, en me poussant vers la maison. Mais ses yeux aussi s’emplirent de larmes.

— « Je m’appelle Louis Martimont, murmurai-je. Je demeure au second dans le corridor…, au n° 3.

— « Adieu ! adieu ! » cria-t-elle en me repoussant plus fort.

Le cocher était remonté sur son siège, les chevaux cinglés d’un coup de fouet partirent au galop, la voiture disparut…, et je restai longtemps devant ma porte, stupéfié d’amour, de joie et de regrets.

Quand je m’éveillai vers midi, — à vingt ans on dort toujours, quoi qu’on ait dans le cœur ou dans la tête, — quand je m’éveillai, il me sembla que j’avais fait un rêve.

Le bal bruyant et bigarré, la danse et le souper se confondaient dans ma mémoire et mêlaient leurs souvenirs aux illusions de mon sommeil. Tout cela me tourbillonnait dans le cerveau, et je ne savais plus, parmi ces images confuses, où prendre la réalité.

Cependant, mon costume était là, étendu