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cheveux devant la glace avec une délicieuse coquetterie, il ne faut pas croire non plus que tout le bonheur sera pour moi dans le pacte que nous venons de conclure ! Je saurai te donner bien des plaisirs que tu ne connais pas et que tu demanderais en vain à celles qui prodiguent les autres… Laisse-moi te faire heureux, et tu ne t’en repentiras pas ! »

Je descendis commander le déjeuner, fier et ravi, le cœur chantant la chanson du bonheur.

Quand je remontai, je la trouvai installée dans ma pauvre chambrette, qu’elle illuminait mieux encore que les gais rayons du soleil printanier. Elle avait débarrassé mon bureau des livres et des paperasses, pour dresser dessus une sorte de couvert, à l’aide de mes deux verres et de mes quatre assiettes. Tandis que le garçon restaurateur disposait un bifteck aux pommes fumant, et que je servais de mon mieux la galantine et le jambon, elle fabriquait des salières avec du papier, attisait le feu autour de la bouilloire, mesurait le thé, et se promettait pour le prochain régal de faire cuire des œufs à la coque.

— « Sais-tu, s’écria-t-elle quand nous fûmes seuls, que j’ai eu de terribles palpitations de cœur en venant depuis la rue jusqu’ici ? L’allée de ta maison me semblait plus difficile à franchir qu’un précipice, et j’étais effrayée de la rencontre de ta portière comme de celle d’un