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Je me figure que s’il est deux êtres chez lesquels, dans l’amitié ou dans l’amour, l’unisson se produit souvent, ces deux êtres doivent être liés indissolublement.

Mais je fais, je crois, de la métaphysique ! Pardonnez-moi, marquise, je reviens à mon récit.

Nous fûmes donc heureux, vous dis-je, — heureux ensemble, et heureux tous les deux, ce qui est si rare ! — Les visites matinales de Marguerite se renouvelèrent plusieurs fois, irrégulières, inattendues, mais toujours enchanteresses. Je n’ai pas souvenir que nous nous soyons querellés. Elle donnait à toutes choses un charme inexprimable, et les plus puérils enfantillages se changeaient, avec elle, en plaisirs délicieux. Jamais depuis sa première visite elle ne me rappela ni ses obligations sociales, ni ses chagrins domestiques.

J’essayai de percer le mystère de son incognito : je voulus obtenir d’elle quelques renseignements qui me permissent de la voir plus souvent, de me mêler à sa vie. Mais elle refusa toujours de me répondre, et je vis que cette curiosité l’affligeait.

— « Compte sur moi, me disait-elle, sur une amie, une mère, une sœur, quelque chose de plus tendre si tu veux…, et tâche d’être heureux ! Enfant ! ne casse pas ta poupée pour voir ce qu’il y a dedans ! »