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Mais le dénouement de toute cette poésie ? allez-vous dire. — Eh ! le voilà, le dénouement prosaïque, vulgaire, stupide…


Un jour, tandis que nous étions tous deux, Marguerite et moi, fort occupés de sarcler avec un canif un pot de réséda qui était sur ma fenêtre, Alfred vint frapper à ma porte, pour me proposer je ne sais quelle partie. Je n’ouvris pas. Il redescendit, leva par hasard les yeux vers ma fenêtre et nous aperçut.

Le lendemain, chez lui, en présence de cinq ou six étudiants et d’autant de grisettes, il me plaisanta. Je soutins assez bien le choc d’abord, mais les autres s’en mêlèrent : un me menaça d’espionner ma maîtresse pour savoir si elle était jolie, et de me dire bientôt le nom de la grande dame que je cachais avec tant de soin.

Je répondis en protestant que la dame en question n’était pas ma maîtresse. On rit plus fort, et les femmes me menacèrent d’avertir Mariette qui saurait bien s’en assurer.

Je me fâchai. Alfred, revenant à la charge, n’en railla que plus fort ma chevalerie. Il vit enfin que je souffrais et s’arrêta, mais ce fut pour me prendre à part et solliciter ma confiance. Je protestai dans le tête-à-tête de la parfaite innocence de Marguerite, et je lui contai même toute l’histoire, en le suppliant