Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’arrêter l’effet de ses bavardages et de ses plaisanteries.

Il me promit tout ce que je voulus, mais se mit à me plaindre de tout son cœur, en m’assurant que j’étais un niais de me laisser prendre aux simagrées des femmes, que je perdais en futilités un temps précieux, s’étonnant que je fusse amoureux d’une femme qui m’aimait et que je ne susse pas en faire ma maîtresse. Finalement, il me jeta à la fois dans le cœur et la crainte du ridicule et le doute sur mon propre bonheur…

Je résistai longtemps, toutefois, avant d’attaquer Marguerite. D’ailleurs, en sa présence, j’étais heureux et ne pensais à rien plus.

Mais, dès qu’elle était partie, les discours d’Alfred portaient fruit. Je me demandais à moi-même si je n’étais pas un sot… Mon imagination ne s’enflammait que trop facilement au souvenir de ma belle amie. Je commençais à vivre dans une inquiétude continuelle.

Et puis, mon secret, une fois entre les mains d’un ami, transpira, je ne sais comment. Parfois, au café des Grès, il me semblait entendre le nom du « casto Giuseppe » accolé au mien et accompagné de chuchotements et de rires. J’aurais voulu battre quelqu’un, et ne savais à qui m’en prendre.

D’autre part, je ne pouvais plus résister aux