Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/158

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ta maîtresse…, et l’amour que j’avais pris dans ton cœur n’était pas supérieur à tous les amours humains ?

« Et puis, ne m’avais-tu donc pas comprise ?… J’ai des liens…, mon cœur saigne, tordu, étouffé dans des devoirs…, et pourtant il est trop honnête et trop fier pour les trahir…

« Oui, je suis altérée d’amour et de bonheur, mais je ne veux pas devenir une mère indigne, une épouse adultère… Mon cœur se révolte de toute la puissance de ma jeunesse, de toutes les aspirations vers le bonheur que nous portons en nous et que Dieu y a jetées comme un souvenir des biens perdus ou des biens à venir, mais mon front ne saurait porter la honte…

« Ah ! tiens ! ne sondons pas les profondeurs de l’âme, les compromis de la conscience !… j’ai été bien coupable !… mais au bord de l’abîme j’arrête le vertige prêt à me saisir…, je ne veux pas tomber !

« Adieu ! je donnerais ma vie pour avoir encore une heure de ce bonheur détruit ; et pourtant je ne la prendrai point, cette heure.

« Adieu ! tâche de m’oublier…

« Mais non ! tu ne m’oublieras pas ! Cherche bien, cherche partout ; arrête au passage les femmes belles et désirables…, obtiens d’elles tout ce que tu voudras ; tout ce qu’elles pourront donner…, et, les yeux dans leurs yeux,