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II

Un soir, à cette heure du crépuscule si rapide et si belle en Italie, tandis que le soleil, éblouissant encore, lance ses derniers rayons derrière la bande d’azur de la mer, et que la lune apparaît en face, allumant comme un incendie son grand disque rouge, le comte et la comtesse de Morelay étaient assis sur un des bancs de marbre de la promenade et regardaient le splendide panorama qui se développait à leurs yeux, entre Porto Venere et Lerici.

Il faisait jour encore, mais la nuit descendait rapidement. L’église et le château de Porto Venere, du haut de leur rocher, découpaient sur le ciel leurs profils sombres et semblables, de loin, à des profils de ruines antiques. Les côtes de Lerici, dorées des derniers reflets du couchant, déployaient en festons la luxuriante richesse de leur végétation tropicale. Ici, les oliviers allongeaient leurs branches jusque dans la mer, et trempaient dans ses flots leur feuillage grisâtre comme celui des saules. Là, les palmiers élançaient leurs rameaux. Entre les arêtes aiguës des feuilles d’aloès, s’échappait