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raison aux prises avec je ne sais quoi d’inconnu et de violent qu’elle ne peut ni comprendre ni dompter.

« Eh quoi ! se disait la comtesse en serrant instinctivement le bras de son mari, et en pressant le pas comme sous la menace d’un danger, eh quoi ! faut-il donc croire au pouvoir de la jettatura ou bien à ces amours soudains comme les dépeignaient les romans que lisaient nos mères ?… »


VIII

Elle éprouvait à la fois le besoin de fuir et celui de rester ; elle se disait avec soulagement que le surlendemain son voiturin l’entraînerait loin de la Spezzia ; et, si un revirement soudain dans l’itinéraire du comte l’avait obligée de monter sur l’heure dans ce même voiturin pour gagner Sestri, elle eût ressenti un cruel déchirement. Chaque tour de roue qui l’eût entraînée loin de cette vision d’une heure, lui eût causé des regrets amers.

Et quels regrets sont ceux-là qui ne sauraient se formuler par des paroles, ni même par une conception nette de ce que l’on a perdu !