Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/202

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toutes les impressions de la belle comtesse venaient de lui. D’un second coup d’œil elle aperçut dans l’atelier un autre homme dormant aussi, adossé au même groupe de marbre ; elle aurait voulu regarder encore les statues et tout l’intérieur de l’atelier ; mais le comte continuait sa course ; il fallait le suivre. Elle passa.

Cependant une diabolique tentation la prit de revoir encore son poète une seconde ! « Ce sera la dernière fois, se dit-elle ; oui, je me le jure à moi-même ! Je n’arrêterai plus une seule fois mes yeux sur lui. »

Elle courut comme si elle eût oublié quelque chose, arriva jusqu’à la porte de l’atelier, s’arrêta à l’angle sans oser avancer jusqu’au seuil, avança la tête…

Mais, en cet instant précis, il ouvrit les yeux.

Elle recula d’un mouvement plus rapide que la pensée ; il bondit jusqu’à elle…

La comtesse avait déjà saisi le bras de son mari ; mais elle était pourpre de honte et de colère.

« Qu’est-ce ? s’écria M. de Morelay en la voyant émue et tremblante, tandis que la silhouette d’un homme apparaissait à quelques pas, dans l’embrasure de la porte.

— Rien… rien…, reprit-elle en s’efforçant de rassurer sa voix ; ce monsieur, sans doute, a cru que je le regardais… »