Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/225

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tout son courage, que je suis bien en état de supporter ce rapide voyage.

— C’est de la folie…

— Non, c’est une sorte de pressentiment… Je ne sais quoi me dit de ne pas vous quitter. »

Le comte embrassa sa femme et lui dit avec un ton plein de paternelle bonté :

« Les pressentiments sont des enfantillages ; restez ici, ma chère Louise, et je m’arrangerai pour vous revenir vite… Prenez les bains de mer, faites-vous promener en voiture…, allez aux environs…, lisez… Vous savez fort bien l’italien ; mais, en lisant les bons auteurs, vous pouvez vous perfectionner encore, et vous distraire en même temps. D’ailleurs, une ville qui a un établissement de bains doit être bien pourvue ; vous trouverez sans doute ici des livres français. »

Mme de Morelay ne répondit pas. Que répondre, à moins de se jeter dans les bras de son mari et de lui tout avouer ?

Mais l’étendue du mal même arrêta l’aveu sur les lèvres de la comtesse.

Comment oser dire que, depuis deux jours à peine, elle s’était compromise au point d’avoir accepté d’un inconnu des gages d’amour ? Comment oser, pour s’en excuser, déclarer l’incroyable vertige auquel elle était en proie ?…

Un moment elle se dit que cette humiliation terrible serait un juste châtiment du coupable