Page:Cadiot - Nouvelles.pdf/246

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cherche dans mes souvenirs, et il me semble, à l’évocation de ces grands mots, voir passer des ombres confuses.

« Un seul être existe pour moi, et c’est toi ; une seule chose m’occupe, l’inquiétude de sa voir ce que tu penses de moi. Oui, tu es l’arbitre de ma destinée… Je suis en ce moment, par ton amour, la plus heureuse des créatures mortelles…, et d’un mot méprisant ou dur tu pourrais me jeter dans l’abîme du désespoir…

« Pourtant, il y a peu de jours, j’ignorais jusqu’à ton existence… Tu ne sais rien de ma vie antérieure. Pour moi, je n’ai pas même entendu prononcer ton nom.

« Ton nom ! mon bien-aimé, il doit être célèbre ; peut-être sonne-t-il bien haut parmi ceux que la gloire répète… Cependant, je ne veux pas que tu me le dises…, non ! Je ne te le demande pas !…

« N’ai-je pas lu ton génie dans tes yeux ? et l’admiration des autres est-elle donc nécessaire à la mienne ? Il me semble, au contraire, que je voudrais me cacher avec toi dans une re traite inaccessible, pour y jouir, moi seule, de la poésie qui s’exhale de tes regards et de tes paroles…

« Est-il besoin, pour se connaître, de savoir l’un sur l’autre tout ce que sait le vulgaire, c’est-à-dire tout ce qui est le faux, le masque, la convention sociale ?… Les âmes ne se révèlent