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s’en enivrer et y répondre, les mille intentions délicates et passionnées de Pietro.

Son amant était pour elle une sorte de problème dont la solution l’attirait et l’effrayait en même temps. Sans cesse l’âme de cet amant lui échappait. Elle ne pouvait ni la saisir ni la pénétrer. C’était comme quelque chose de trop grand, ou de trop petit, pour qu’elle pût le mesurer avec son âme à elle, qui devenait le terme de comparaison.

Les échecs constants contre lesquels venaient se briser tous ses efforts, irritaient ce besoin d’assimilation, qui est le principal mobile de l’amour. Trompée sans cesse dans ses aspirations intellectuelles, elle s’indignait, elle se révoltait, elle s’efforçait de mille manières. On eût dit qu’elle tournait autour d’un bloc de granit, le frappant sans cesse et de tous les côtés, pour trouver une place sonore qui ré sonnât et répondît au coup frappé par une sorte d’écho. Mais plus ses tendresses étaient stériles, plus elle y mettait de passion.

« À quoi pense-t-il ? se demandait-elle avec une ténacité absorbante, lorsqu’il demeurait silencieux auprès d’elle. Qu’a-t-il voulu dire ou que devais-je lui répondre ? » se répétait-elle, durant de longues heures, en se remémorant les phrases de Pietro.

Mme de Morelay cherchait à pénétrer le front si pur et si bien coupé de son amant,