Georges Lyon. Il fallut que j’en vinsse à la Sorbonne
pour connaître, pour découvrir, avec une stupeur
d’ingénu de théâtre, ce que c’est qu’un maître qui en
veut à ses élèves, qui sèche d’envie et de jalousie, et du
besoin d’une domination tyrannique ; précisément parce
qu’il est leur maître et qu’ils sont ses élèves ; il fallut
que j’en vinsse en Sorbonne pour savoir ce que c’est
qu’un vieillard aigri, (la plus laide chose qu’il y ait au
monde), un maître maigre et aigre et malheureux, un
visage flétri, fané, non pas seulement ridé ; des yeux
fuyants ; une bouche mauvaise ; des lèvres de distributeurs
automatiques ; et ces malheureux qui en veulent à
leurs élèves de tout, d’être jeunes, d’être nouveaux,
d’être frais, d’être candides, d’être débutants, de ne pas
être pliés comme eux ; et surtout du plus grand crime :
précisément d’être leurs élèves. Cet affreux sentiment
de vieille femme.
Qui ne s’est assis à la croisée de deux routes. Je me demande souvent avec une sorte d’anxiété rétrospective, avec un vertige en arrière, où j’allais, ce que je devenais, si je ne fusse point allé en sixième, si M. Naudy ne m’avait point repêché juste à ces vacances de Pâques. J’avais douze ans et trois mois. Il était temps.
On trouvera dans ce cahier les résultats d’une expérience de trente ans, poussée, poursuivie dans l’ensei-