garçon avait si bien travaillé que je dus un peu la
remettre en forme. (Pas l’Amérique, l’hérésie). Et je la
nomme ici une hérésie spirituelle et volontiers je la
nommerais simplement une hérésie intellectuelle. Pour
ne pas me faire d’affaire. Et pour fuir à mon tour les
responsabilités. Car des hérésies en matière de foi je
n’ai ni le goût ni l’autorité de les dénoncer ou simplement
de m’en faire le censeur et toutes espèces de délations
ou de censures ne conviennent ni à ma nature,
ni à mon humeur, ni à mon tempérament, ni à mon
caractère. Cette hérésie donc, mais cette hérésie spirituelle
et intellectuelle, cette hérésie saisissable et qui
retombe de notre compétence revenait essentiellement
à ceci et pouvait se réduire à cette proposition extrêmement
dangereuse et d’une gravité capitale que nous
autres Français de ce temps, Français du commencement
du vingtième siècle, Français du premier tiers du
vingtième siècle nous vivons une vie d’un prix inférieur
aux vies que pouvaient vivre des chrétiens des autres
temps. L’idée de ce laudettisme, (et j’avoue que je les
avais un peu aidés à la sortir), c’est que nous d’ici et
d’aujourd’hui nous vivons une vie diminuée, une vie
qui ne serait pas du même prix que les vies des anciens
temps. Cette hérésie en matière spirituelle et en matière
intellectuelle enveloppait tout de même une hérésie en
matière de foi parce qu’elle enveloppait cette proposition
que le prix du salut aurait diminué et que le salut
d’une âme ne vaudrait plus le salut d’une âme et que
Jésus ne serait plus mort pour des saints de même prix
et que la rédemption même irait comme en diminuant
dans les siècles ultérieurs. C’était donc non seulement
une hérésie en matière de foi, mais une des hérésies
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