Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/78

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La question n’est pas de savoir si M. Poincaré fut l’élève de M. Lavisse et si M. Lavisse reçut M. Poincaré à l’Académie. La question est que le mouvement d’énergie nationale qui porta M. Poincaré à la présidence de la République était diamétralement le contraire du mouvement, ou du repos d’abandonnement national et de désorganisation générale qui fit durer M. Lavisse tout le long de sa prudente carrière. Il n’y a aucun doute sur ce point. M. Poincaré est venu au pouvoir et y reste par un mouvement populaire profond, par un ressaut continué d’énergie nationale qui est bien tout ce que l’on peut imaginer de plus diamétralement contraire au mouvement intellectuel et jauressiste de capitulation, d’abandonnement, de désorganisation qui a constamment fait grossir M. Lavisse pendant les cinquante ans de gonflement de sa fructueuse carrière. Eh bien je dis que faire apporter dans une cérémonie solennelle, pour le couronnement d’une si auguste carrière, précisément le plus haut résultat, la plus haute conséquence, la plus haute poussée, le plus haut aboutissement du dégoût que l’on a soi-même soulevé, je rends les armes et je dis que ça c’est un beau coup de retournement.

§. — Car ce que l’on reproche à M. Lavisse ce n’est point d’être d’un certain parti, c’est d’avoir successivement et en même temps trahi tous les partis. C’est de n’avoir jamais été au fond que du parti de la capitulation, et de l’abandonnement, et de la lâcheté, et de la désorganisation. Au fond, si l’on veut, il était peut-

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