ancien nous a donné déjà un premier exemple avec la décadence romaine et dont le monde moderne nous offre une seconde édition, amplement revue, corrigée et augmentée, puisque, selon Proudhon, notre ordre social actuel est une parfaite dissolution. Proudhon, en conséquence, ne partage pas, — et c’est par là peut-être qu’il s’oppose le plus à toute la démocratie moderne tant anarchiste que socialiste, et qu’il lui est si peu sympathique – l’indifférence souveraine en matière de morale que professe et pratique ladite démocratie ; il ne croit pas, avec elle, qu’il suffise d’accroître le bien-être matériel pour augmenter, ipso facto, le capital moral de l’humanité ; ni malthusien, ni pornocrate, ni bancocrate, il dénonce cette « illusion de la richesse » dont tout le monde moderne, socialistes et anarchistes en tête, est l’aveugle et outrecuidant prisonnier ; il fait de la pauvreté, conservatrice des mœurs et de la justice, l’éloge le plus magnifique qui soit sorti d’une bouche humaine, depuis Virgile et Bossuet, et il définit le travailleur le « véritable ascète moderne ». Et c’est ici, sans doute, que le contraste devient le plus saisissant : car ce laïque, cet homme qui a écrit la Justice dans la Révolution et l’Église et qui, dans ce livre, a fait comme l’exégèse de la Révolution pour en opposer, sur tous les points, le spirituel à celui de l’Église déclarée par lui en faillite ; ce paysan mécréant, où qui s’incarne si bien ce qu’on a pu appeler le nouveau paganisme révolutionnaire et qui, dans ces pages merveilleuses où il parle de l’homme en face de la mort et où il raconte les derniers moments de son père, ose mettre la mort de Danton au-dessus de la mort de Jésus, ce blasphémateur, qui déclarait à Dieu la guerre et lançait ce cri : Dieu, c’est le mal — oserai-je dire qu’il y a dans toute son œuvre comme une perpétuelle résonance chrétienne et que c’est précisément
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