nous reste à connaitre le monde où nous vivons, et particulièrement sous l’un de ses aspects qui est parmi les plus obscurs, l’économique. Nous aurons à vivre dans ce monde. Il s’agit pour nous de savoir quelle place nous y occupons, quel rôle nous devrons y tenir, en plaçant toujours au-dessus de nos préoccupations, dans nos études, l’intérêt national. Nous ne pouvons songer à nous en remettre à notre sentiment intérieur (qui n’est naturellement pas exclu), car ce sentiment, s’il doit être le mobile de notre action, est parfaitement aveugle et appelle, pour être satisfait, la collaboration de la connaissance, de l’intelligence. Nous avons à découvrir où sont pour nous, nobles, bourgeois et ouvriers, notre bien et notre mal, dans ce domaine de l’économie, qui a subi des transformations profondes qui ne dépendent ni des princes ni des républiques, et où les notions que nous avons reçues de nos pères ne nous donnent qu’une indication générale et ne nous suffisent plus pour les directions pratiques.
Je vous ai dit que nous ferons œuvre scientifique. Mais vous avez vu que cette œuvre sera faite en vue de l’action. Je crois bien que nous sommes passionnés de connaissance. Mais nous ne sommes point des contemplateurs ; nous ne nous intéressons pas aux phénomènes du monde en spectateurs. Nous ne séparons pas la pensée de l’action. Et nous ne sommes ni gens de salon, ni gens de cabinet. Nous sommes tous au cœur des réalités présentes, et de celles qui sont les plus pressantes. Nous connaissons, non par les livres, mais par l’expérience personnelle, non seulement les problèmes quotidiens de la vie, mais les graves problèmes qui se posent à l’esprit et à l’âme des Français. Si nous voulons faire ici œuvre scientifique, c’est afin de servir notre vie commune, et nos intérêts distincts. Et quelle vie ? C’est