contre-révolutionnaires ne nous demanderont aucune justification de notre choix. Elles se souviennent que Drumont s’est souvent appuyé sur la pensée proudhonienne, que Maurras a découvert, chez l’auteur de la Fédération en Italie, le sens parfait de la politique française, que Dimier a placé Proudhon parmi les maîtres de la contre-Révolution, que Bainville, enfin, a réuni dans une même dédicace, les zouaves pontificaux et le penseur révolutionnaire qui « dans sa pleine liberté d’esprit, retrouva la politique des rois de France ». Et elles n’ignorent pas que deux écrivains français, qui ont fait en France la plus forte critique de la démocratie, du point de vue syndicaliste, Georges Sorel et Édouard Berth, sont tout pénétrés du plus pur esprit proudhonien.
La part reconnue que Proudhon a prise dans le mouvement des idées contre-révolutionnaires sera donc, aux yeux de tous, notre première justification. Mais il y a plus, croyons-nous. Ce n’est pas seulement Proudhon critique de la démocratie, du socialisme et de l’anarchisme que nous invoquerons ici. C’est Proudhon constructeur. C’est là-dessus que je veux surtout vous donner quelques explications.
Proudhon critique de la démocratie, du socialisme et de l’anarchisme, Proudhon papalin, a été en même temps démocrate, socialiste et anticlérical, sinon anticatholique, et bien qu’il n’eut aucun des caractères que nous connaissons à l’anarchiste, sa réaction contre l’État l’a porté souvent à des mouvements fortement anarchiques. Il est même juste de dire que la plupart de nos contemporains ne le connaissent guère que sous ce dernier aspect, : « La propriété, c’est le vol ! — Dieu, c’est le mal ! » deux formules inséparables, dans l’esprit du plus grand nombre, de la mémoire de Proudhon et qui