cielles, M. Bouglé tenté de faire de Proudhon un « sociologue » une sorte de précurseur de M. Durkheim. Cela a produit la sociologie de Proudhon, dont Henri Lagrange a justement dit que c’est une besogne de reporter. Les journalistes politiciens et financiers se sont immédiatement emparés du livre de M. Bouglé pour protester, au nom de la politique radicale et socialiste, contre l’alliance que nous avons réalisée ici.
M. Albert Thomas, qui écrit à la fois dans l’Humanité, journal socialiste et dans l’Information, journal financier, nous a désignés, « syndicalistes ou monarchistes », comme les « accapareurs de Proudhon ». Et il a remercie M. Bouglé « d’aimer Proudhon, comme il l’aime ». On dirait qu’il est de la famille et qu’il reçoit les condoléances des amis du mort. Attendrissement politique. Comment écrire, après ces touchantes déclarations. que les politiciens socialistes ont le plus profond dédain de l’œuvre proudhonienne ? Voila pour les lecteurs de l’Humanité.
Ailleurs, on a imprimé que le « travail sérieux » de M. Bouglé montre
« A quel poins sont tendancieuses les interprétations que proposaient, de la pensée proudhonnienne les utilisateurs d’extrême-droite et d’extrême-gauche, dilettantes du néo-royalisme ou amateurs du syndicalisme révolutionnaire, qui se réconcilient aujourd’hui, dit-on, pour essayer d’exploiter le proudhonnisme[1]. »
Utilisation, exploitation : ne nous étonnons pas de cette basse interprétation de notre œuvre : c’est dans l’Action que nous l’avons trouvée.
Mais il y a eu un plus beau spectacle. A la Société de Philosophie, séance ardente, où les philosophes officiels, reconnus par le gouvernement et par Israël, ont reçu M. Bouglé, qui les a entretenus de la sociologie de Proudhon. Nous n’avons pu y assister, car nous sommes hérétiques en Sorbonne, mais nous savons à peu près ce qui s’y est dit, par la grande presse qui nous a informés de cet événement extraordinaire. Le Temps, où règne M. Joseph Reinach, caricature simiesque de roi de France qui se cache sous les apparences modestes de « président du groupe antialcoolique de la Chambre » et qui suit de près tout ce qui menace les fondements de la démocratie, le Temps a donné un compte rendu de cette « discussion de philosophes sur Proudhon ». Il a dû, à cette occasion, révéler à ses lecteurs ce qu’est la Société de Philosophie, qu’il avait ignorée jusqu’à ce jour. Cela lui donnait l’air un peu sot, mais l’intérêt supérieur de la démocratie
- ↑ Action, 23 novembre 1911.