font porter leurs raisonnement et ainsi ils se posent des problèmes qui sont étrangers à l’histoire. Quant aux historiens, ils n’ont jamais besoin d’entrer sur ce terrain propre de la théologie »[1].
Donc, l’interprétation erronée d’un fait peut susciter un effort fécond. De même une prévision fausse de l’action présente peut conduire ses résultats bien au-delà des effets prévus. Mais encore certaines conditions sont-elles nécessaires ; c’est pourquoi va se constituer la théorie du mythe et pourquoi la philosophie bergsonienne apporte son concours.
« Au cours de mes études, écrit Sorel, j’avais constaté une chose qui me semblait si simple que je n’avais pas cru devoir beaucoup insister : les hommes qui participent aux grands mouvements sociaux se représentent leur action prochaine sous forme d’images de bataille assurant le succès de leur cause[2]. » Georges Sorel nomme ces constructions des mythes : pour lui, la grève générale des syndicalistes et la révolution catastrophique de Marx sont des mythes. Le rôle efficace de ces mythes est indiscutable ; pour le comprendre, et avec lui la nature de ceux-ci, Sorel utilise la psychologie de Bergson.
Les moralistes qui cherchent à donner les motifs de nos actes ne raisonnent presque jamais sur ce qu’il y a de vraiment fondamental dans notre individu. « Ils cherchent d’ordinaire à projeter nos actes accomplis sur le champ des jugements que la société a rédigés d’avance pour les divers types d’action qui sont les plus communs dans la vie contemporaine[3]. » Au con-