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ouvrière. En dehors du patronat et contre lui, le mouvement syndical doit librement se développer et agir[1]. »

On comprend combien la formation historique et marxiste de Sorel le prédisposait à comprendre l’originalité du syndicalisme. « Notre originalité la plus forte, écrit-il, consiste à avoir soutenu que le prolétariat peut s’affranchir sans recourir aux enseignements des professionnels bourgeois de l’intelligence. Nous sommes ainsi amenés à regarder comme essentiel dans les phénomènes contemporains ce qui était considéré autrefois comme accessoire : ce qui est vraiment éducatif pour un prolétariat révolutionnaire qui fait son apprentissage dans la lutte. Nous ne saurions exercer une influence directe sur un pareil travail de formation. Notre rôle peut être utile à la condition que nous nous bornions à nier la pensée bourgeoise, de manière à mettre le prolétariat en garde contre une invasion des idées ou des mœurs de la classe ennemie »[2].

La première conséquence de ce développement autonome du syndicalisme est de le dresser contre l’idéologie et le régime démocratique.

Contre la démocratie en général, contre la démocratie fille du romantisme et de l’individualisme. Mais aussi contre ses formes dérivées ou déguisées, socialisme, réformisme, anarchisme.

Tout d’abord le syndicalisme (reportons-nous aux déclarations de Griffuelhes) est fondé sur la lutte des classes. « Pendant longtemps, dit Sorel, les républicains niaient en France la lutte des classes ; ils avaient tant horreur des révoltés qu’ils ne voulaient pas voir les

  1. Griffuelhes. L’action syndicaliste.
  2. Georges Sorel. Réflexions sur la violence.