Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/45

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mettre ces tares à la charge des bourgeois français. Le vrai, c’est que le mal est entièrement politique. Il est engendré par la vie démocratique, qui donne à l’instinct de puissance des directions antisociales. La démocratie historique, qui a détruit les corps professionnels et régionaux des nations, a fait du bourgeois, organisateur de la production, de l’échange et de l’épargne, un marchand d’or et un jouisseur dénationalisé.

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Représentez-vous l’ancienne société française. C’est, je l’écrivais tout à l’heure, un monde parfaitement organisé, très librement d’ailleurs, et où, étant reconnu que, à l’intérieur d’une société, le travail est la plus précieuse activité de l’homme, il est appliqué inconsciemment au reste, cette loi excellente qui impose aux hommes (faisant partie d’une société spirituelle où ils ne diffèrent que par leurs vertus ; d’une société politique où leurs droits sont équivalents dans la durée, on dirait mieux dans l’histoire) de remplir des fonctions particulières dans la nation, de s’y spécialiser, et de rechercher leur élévation temporelle dans le sens même qui leur est donné par leur spécialisation, c’est-à-dire dans leur fonction, dans leur métier. Et cette loi sert à la fois leurs intérêts propres, l’intérêt de la nation et l’intérêt de la civilisation, tant matérielle que morale. Cette loi est profondément organique ; elle se manifeste par des institutions, qui encadrent et soutiennent l’homme dès sa naissance, lui indiquent par des signes visibles, matériels, sa direction héréditaire, lui épargnent ainsi l’hésitation dans le choix d’une carrière, limitent fortement les risques que feraient courir à la