Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/100

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ne seras point confondue avec les autres villes de la France ; cette action passera à la postérité, et ta sensibilité t’assure une gloire immortelle.

Je ne suis point étonné[1] quand je réfléchis sur les honneurs qu’on a rendus aux ânes dans tous les temps, qu’on ait soupçonné des nations entières de l’adorer comme un Dieu. Ce qui me surprend au contraire, c’est qu’on se soit avisé de

  1. Les juifs ont été soupçonnés d’adorer la tête d’un âne ; ainsi qu’il est aisé de s’en convaincre par le témoignage de Joseph, liv. II, contre Appion, de Petrone, de Tacite, de Plutarque et de Démocrite, cité par Suidas. Tertulien nous apprend qu’on a eu les mêmes soupçons sur les premiers chrétiens, qu’on confondait sans doute avec les juifs.

    Plusieurs savants se sont fort agités pour découvrir l’origine et la cause de ces soupçons. Les uns les ont rejetés sur les Gnostiques, qui disaient que Zacharie avait été assassiné pour avoir révélé qu’il avait vu une tête d’âne dans le Saint des Saints ; ceux-ci ont prétendu que cela provenait d’une équivoque, et qu’on avait pris l’urne dans laquelle on conservait la manne du désert, pour une tête d’âne. Il y en a enfin qui ont cru qu’effectivement il y avait des têtes d’ânes dans le temple. On a produit de part et d’autre des pièces justificatives de son sentiment : et adhuc sub Judice lis est.