Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/102

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terrible, plus aussi on est respecté des mortels : si la crainte fit les dieux, la terreur est la mère des rois.

On a décerné au lion les honneurs de la royauté : quel est donc son titre pour aspirer à ce rang suprême ? Il est le plus cruel, le plus sanguinaire des animaux : Est-ce donc en égorgeant ses sujets, qu’on règne sur eux ? La barbarie serait-elle la fille aînée des rois ?

J’ai une idée plus grande, plus sublime du pouvoir suprême. Un roi doit être juste, éclairé, bienfaisant : chargé de veiller sur le bonheur des autres, il doit se sacrifier pour les rendre heureux. Concilier le bien être général avec l’intérêt de chaque particulier, voilà le but de ses travaux. Si vous mettez sur le trône un cœur barbare, un monstre, ce n’est point un roi ; c’est le fléau de l’univers.

Que le lion[1] cesse donc d’usurper un

  1. Voyez à ce sujet la fable de La Fontaine, qui a pour titre : la Génisse, la Chèvre et la Brebis, en société avec le Lion ; elle confirme ce que j’avance. Celle qui a pour titre, la cour du Lion, en est aussi une preuve.