Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/28

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ouvrages, voilà à quoi se réduit l’emploi d’un journaliste. Quant aux auteurs, il suffit de savoir barbouiller du papier pour le devenir : l’esprit n’entre pour rien dans tout cela.

J’ai entendu parler de l’académie des Fainéants ; voilà sans contredit une belle académie : on m’a assuré que le nombre des aspirants est très-grand, et qu’on doit en établir une à Babylone ; je ne doute point qu’elle ne soit bientôt remplie : on l’établirait vainement à Montmartre. Les ânes sont trop spirituels, trop laborieux pour y être admis. Il n’y a dans ma patrie, qu’une seule société ; c’est celle des êtres utiles : elle vaut bien, je crois, toutes les académies du monde.

Non-seulement les ânes ont de l’esprit, ils ont encore du goût. S’ils étaient riches ou puissants, je suis très-assuré que plusieurs académies en auraient déjà enrôlé un grand nombre dans la classe des amateurs. L’âne aime la musique : sa voix n’est pas trop agréable, mais il a l’oreille fine et surtout fort juste : un bon morceau de musique réjouit nos baudets, et