Aller au contenu

Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il trouve la vie au milieu des flammes ; il renaît au milieu du bûcher.

C’est ici que les expressions me manquent, pour donner une juste idée de la supériorité de l’âne[1]. Quand j’aurais l’imagination de l’Aretin et le coloris de La Fontaine, mes efforts seraient encore superflus. Qu’après lui avoir dérobé quelques baisers, Tircis expire entre les bras de la trop voluptueuse Amaranthe ; que les maîtres du monde, les Marc-Antoines, les Césars, trouvent un obstacle invincible à satisfaire leurs impétueux désirs ; rien n’arrête l’âne, rien ne l’abat. Depuis la plus superbe des cavales, jusqu’à la plus simple des ânesses, tout éprouve son pouvoir.

Ce que l’on admire surtout dans les ânes de Montmartre, c’est qu’ils ne sont ni frisés ni musqués, lorsqu’ils font leur

  1. Buffon dit que l’âne n’est ardent que pour le plaisir, ou plutôt il en est furieux, au point que rien ne peut le retenir, et qu’on en a vu s’excéder et mourir quelque temps après. Il faut convenir que les on voient toujours de belles choses.