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Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/40

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cour ; ils vont au solide ; la frivolité ne les occupe jamais : accoutumés à voyager dans l’île de Cythère, ils en évitent tous les détours, tous les labyrinthes. Ils connaissent le chemin qui conduit au temple de Gnide ; ils y parviennent toujours les premiers.

Je ne me rappelle pas d’avoir entendu dire qu’aucun d’eux se soit avisé de faire des vers pour déclarer ses feux. Ils ne se ruinent point en sérénades, en cadeaux ; ils disent que tout cela n’est pas de l’amour.

Les ânesses ne sont ni capricieuses, ni minaudières. Jamais elles ne trompent leurs amants : la sincérité est leur partage. Sensibles aux attraits du plaisir, un tendre aveu est toujours payé d’un tendre retour. Eh ! Qui pourrait résister à leurs amants ? C’est à eux que le dieu du plaisir a confié son sceptre redoutable. Ce sont eux que l’amour a fait dépositaires de son flambeau : flambeau merveilleux ! Plus on l’agite, plus il s’enflamme ; il ne s’éteint jamais.

Ô que de héros ont brigué vainement