Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/65

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pas tort. Les ânes les plus vieux, comme les plus jeunes, tout rampe devant les Babyloniennes. Cet avilissement général des ânes à courte oreille, a fait regarder ceux de Montmartre comme des entêtés : mais ce reproche fait leur triomphe et leur gloire.

On accuse en second lieu nos baudets d’être timides, de craindre l’eau. Lorsqu’un âne, dit-on, passe un pont ou une rivière, il frappe du pied, il n’avance qu’après avoir sondé le passage : à cela deux réponses : je trouve d’abord dans cette action de l’âne, une leçon admirable de prudence : en sondant ainsi le gué avec son pied, l’âne apprend à ceux qui se moquent de lui, qu’il ne faut jamais s’embarquer qu’avec beaucoup de précaution, dans les entreprises incertaines et périlleuses. Quand on ne veut point s’exposer au repentir, il faut prévoir les sottises. Ceux qui ont passé par le creuset de Saint Côme, entendront bien ce que je veux dire. La prévoyance n’a jamais été un défaut.

D’un autre côté, quand l’âne redoute-