Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/66

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rait l’eau, ce ne serait pas une preuve qu’il est timide : il aurait cela de commun avec les plus grands hommes de l’antiquité. Voyez Ulysse dans l’Odyssée, Énée dans Virgile, la moindre tempête leur donne la colique : la raison en est fort simple : la mort qu’on trouve au milieu des flots, n’est ni glorieuse, ni digne d’un héros.

Quant au reproche de lâcheté, il est absolument destitué de fondement, et démenti par l’expérience. En vain l’on oppose que l’âne a les oreilles longues, et que tous les animaux de cette espèce sont craintifs. Ce préjugé ne m’affecte point. Que d’animaux dont on voit à peine les oreilles, et qui sont les plus grands poltrons de la terre. Laissons donc les oreilles de côté, et convenons qu’un bon mâle est toujours courageux : on ne contestera pas certainement cette qualité à l’âne : il a donc du courage. L’argument est sans réplique.

Il est vrai que l’âne n’est pas tapageur : on ne le voit point à chaque instant prêt à s’égorger pour des bagatelles, et comme