Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/67

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une épée lui serait fort inutile, il n’en porte point. Nos jeunes baudets ne se font point un mérite de casser les lanternes, de battre ceux qui les servent, de mettre tout en désordre, tout en rumeur ; ces belles actions ne sont dignes que des baudets à courtes oreilles : on ne fait pas même à Montmartre une grande estime de la valeur, excepté dans le cas d’une légitime défense, on la croit fort inutile et quelquefois dangereuse. En général les ânes ont l’humeur pacifique. S’il n’y avait sur la terre que des ânes et des baudets, il n’y aurait ni guerre ni procès.

Dans l’occasion les ânes ont cependant donné des preuves de leur courage. La Mythologie payenne nous apprend que les Géants, ces enfants bâtards, de la terre, ayant formé le projet d’escalader le ciel et d’en chasser Jupiter, avaient fait une longue échelle avec plusieurs gros cailloux entassés les uns sur les autres. Déjà un de ces fameux étourdis était parvenu au dernier échelon ; déjà il avait un pied dans le ciel, et les dieux s’étaient réfugiés sous les oignons d’Égypte : il ne