Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/88

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qui s’avance ; elle porte dans ses mamelles, la santé et la vie.

Le lait d’ânesse[1] est également favorable aux grâces, comme à la santé. Il les ranime, les conserve, les embellit. Poppée, cette brillante coquette de l’ancienne Rome, pour réparer les désordres qu’occasionnaient à sa beauté des plaisirs trop souvent réitérés, se plongeait dans des bains faits avec du lait d’ânesse. C’est ainsi qu’elle sut prolonger le règne de ses charmes ; c’est ainsi que de simple grisette, elle devint la femme de Néron, et monta sur le trône des Césars.

  1. On peut voir à ce sujet, Suétone dans Oton, ch. 12 ; Martial, liv. X, ch. 86 ; Juvénal, satire 6 ; Pline Hist., liv. XI, ch. 41, liv. XXVIII, ch. 12. Ces auteurs qu’il ne faut cependant pas toujours croire sur leur parole, nous apprennent que Poppée était souvent accompagnée de 500 ânesses, dont on tirait le lait pour faire un bain. Ce qui est plus croyable, c’est qu’ils disent que les romains efféminés et délicats, se frottaient le visage et la peau, avec du pain trempé dans du lait d’ânesse ; soit pour se blanchir le teint, soit pour empêcher la barbe de pousser. Ils se faisaient le soir un masque de ce pain, et ne l’ôtaient que le lendemain : il paraît que les petits maîtres de Rome, ne valaient pas mieux que ceux de Babylone.