Un homme qui parle si bien et si facilement doit être placé en un lieu où il pourra parler à son aise. (Aux valets.) Tenez, saisissez-vous de celui-là, et enfermez-le dans la tour.
Moi, monseigneur ? Pourquoi ?
Parce qu’il faut enfermer soigneusement un Clairon qui sait des secrets de cette importance et qui pourrait faire du bruit.
Est-ce que j’ai par hasard, moi, voulu donner la mort à mon père ?… Est-ce que j’ai jeté d’un balcon, moi, un pauvre Icare sans défense ? Est-ce que, moi, je rêve et dors ?… Pourquoi donc m’enfermer ?
C’est que vous êtes Clairon.
En ce cas, je ne veux plus être désormais que le plus ignoble des instruments à vent ; je ne suis plus qu’un cornet à bouquin, et je promets de me taire.
Clotaldo ?
Quoi ! sire, c’est ainsi que vient votre majesté ?
Une folle curiosité de voir comment se comporte Sigismond m’a, hélas ! conduit jusqu’ici.
Vous le voyez de nouveau réduit à son premier et misérable état.
Ah ! prince malheureux et né dans un fatal moment ! (À Clotaldo.) Approchez pour l’éveiller, maintenant que l’opium qu’il a pris a perdu sa force.
Sire, il est tout agité et il parle.
Il rêve sans doute… À quoi peut-il rêver ? Écoutons.
Le meilleur prince est celui qui punit les méchants. Que Clotaldo meure de ma main, et que mon père me baise les pieds !
Il me menace de me tuer.