Vous me rendez la vie, ma sœur. Elle est à vous désormais.
N’est-ce pas une véritable bonne fortune qu’il soit venu me demander cela ? Je ne pouvais rien souhaiter davantage… Mais vois qui est entré là sans appeler.
Madame, c’est Laura, suivie de Celia.
Quoi ! ma chère Laura, à cette heure ?
Ne t’en étonne point, ma bonne amie. Un chagrin affreux me conduit vers toi.
Toi, Laura, du chagrin ?
Oui ; et de même que tu t’es adressée à moi hier, je viens solliciter aujourd’hui ton assistance.
Apprenez par là, mesdames, la différence qu’il y a entre hier et aujourd’hui.
Tu ne sais pas, ma chère Marcela, que don Félix a vu cet homme que tu avais laissé caché dans ma maison.
Jésus !
Il importe peu de te dire quand et comment ; il suffit que cela soit un malheur, pour qu’il n’ait pas tardé à me frapper. Ce matin, impatiente de m’en expliquer avec lui, sans considérer le soin de ma réputation, je suis venue le voir. Je suis entrée dans sa chambre ; mais, au moment où j’allais lui donner une excuse qui n’aurait compromis aucune de nous deux, une femme qu’il tenait enfermée dans son cabinet, et qui sans doute était Nice…
Nice, dis-tu ?
Oui, je l’ai bien reconnue…
Je te crois.
Est sortie pour m’inspirer autant de jalousie qu’il en avait lui-même.