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JOURNÉE III, SCÈNE IV.

qu’aucun signalement ne peut m’aider à reconnaître. Mais qu’est-ce qu’une chose étrange de plus, là où il y a tant de choses étranges ? Il ne m’est guère possible de parvenir à me venger, je l’avoue moi-même ; mais je dois tenter ce qui n’est pas possible… J’ai déjà découvert un indice qui ne saurait me tromper, mais cependant je ne puis y croire d’une manière absolue : celui à qui j’ai vu le collier de perles est trop noble pour avoir souillé sa main dans le sang d’une femme ; et il faut n’avoir ni noblesse ni valeur pour ne pas admirer la beauté, pour ne pas respecter la faiblesse. Ainsi donc ce premier indice est inexact. C’est un autre, oui, c’est un autre qui a été le lâche traître, le féroce assassin.

alcouzcouz.

Quoi ! c’est pour cela que toi descendre de l’Alpujarra ?

don alvar.

Oui.

alcouzcouz.

Eh bien ! alors nous pouvoir nous en retourner ; car comment toi retrouver un homme sans le connaître ?

don alvar.

Peut-être n’y réussirai-je pas ; mais, cependant, j’espère.

alcouzcouz.

C’est comme la lettre de la vieille : — « À mon fils Jean, habillé de brun, à Madrid. »

don alvar.

Tout ce que je le demande, c’est de te taire.

alcouzcouz.

Moi, parler par signes à tout venant ?

don alvar.

Oui.

alcouzcouz.

Ô Allah ! toi retenir ma langue.


{Acteurs|Entrent DES SOLDATS.|n}}

premier soldat.

De cette façon le gain est bien partagé. Celui qui tient les cartes, quoiqu’il joue pour deux, doit avoir quelque avantage

deuxième soldat.

Pourquoi ne partagerait-on pas le gain comme la perte ?

troisième soldat.

C’est juste.

premier soldat.

Écoutez. Moi je ne voudrais pas avoir de querelle avec des camarades pour des motifs d’intérêt. Qu’il y ait seulement un homme qui dise que c’est bien, et je me tais.

deuxième soldat.

Le premier venu sera bon pour cela. (À Alcouzcouz.) Holà ! soldat ?