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JOURNÉE I, SCÈNE I.


une autre voix.

Nous ne pourrons l’atteindre.

isabelle.

Je vois accourir un homme à cheval que poursuivent quantité de gens à pied.

une voix.

Tirez sur lui !

On entend une détonation.
isabelle.

Ah ! malheureux !

louis.

Qu’est-ce donc ?

isabelle.

On l’a tué d’un coup d’arquebuse.

louis.

Non pas ; la balle n’a frappé que le cheval, qui demeure étendu sur la place ; quant au cavalier, il s’est relevé, et debout, à pied, il défend sa vie vaillamment avec son épée.

isabelle.

Il est parvenu à leur échapper, et le voici.


Entre DON ALONZO, l’épée à la main.
don alonzo.

Ciel ! secourez un malheureux à qui les forces manquent et qui succombe.

louis.

Eh bien ! seigneur don Alonzo, qu’est-ce donc ?

don alonzo.

Je ne puis vous conter cela en ce moment. Seulement, Louis Perez, je vous prie, protégez-moi. Après ce que j’ai fait, il faut que je sois cette nuit même en Portugal.

louis.

Ayez bon courage. C’est dans de telles occasions que se montrent les cœurs généreux. Ici près est le pont de la rivière qui sépare le Portugal de la Castille[1] ; si vous le passez, vous êtes en sûreté. Moi, je vais me porter dans ce défilé pour arrêter ceux qui vous poursuivent. Soyez tranquille, ils ne continueront leur marche qu’après m’avoir mis en morceaux.

don alonzo.

La valeur de ce bras est le plus fort rempart qui pût protéger ma vie. Que le ciel conserve la vôtre !

Il sort.


Entrent LE CORRÉGIDOR et des ALGUAZILS
un alguazil.

Il est passé par ici.

  1. Le Miño.