vous ne me tuerez pas… puisque l’étonnement et la douleur ne m’ont pas tué.
Il n’est plus temps de discourir. Il faut nous battre.
Accordez-moi, don Louis, un seul moment, pour voir si je trouverai une explication qui vous satisfasse.
Il n’y a point de satisfaction possible. Si vous entrez par cette porte secrète dans l’appartement de cette malheureuse, que voulez-vous que j’entende après un tel outrage ?
Brisez, don Louis, brisez cette épée sur mon sein, si jamais j’ai su qu’il y eût là une porte communiquant à son appartement.
Que faisiez-vous donc renfermé ici, sans lumière ?
Que vous répondrai-je ? J’attendais mon domestique.
Ne vous ai-je pas vu vous cachant ? Mes yeux me tromperaient-ils ?
Plus que tout autre organe, la vue est sujette à erreur.
Et si mes yeux m’ont trompé, l’ouïe m’aurait-elle aussi trompé ?
Également.
En effet, tout me trompe ; vous seul dites la vérité ! Et vous seul cependant…
Arrêtez ; car si vous prononciez un mot de plus, avant qu’il fût achevé, je vous aurais arraché la vie. — Que l’amitié me pardonne ! puisqu’il faut que nous nous battions, don Louis, battons-nous en hommes d’honneur… Mettez ce flambeau entre nous pour qu’il nous éclaire également. Fermez cette porte par où vous êtes entré, pendant que je ferme l’autre… Et puis jetez la clef à terre, afin que le survivant puisse s’enfuir.
Je vais mettre ce buffet devant l’armoire, afin qu’on ne puisse pas ouvrir de l’autre côté… malgré tous les efforts qu’on ferait.
Me voilà pris !
Qui est là ?
Quel malheur que le mien !