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L’ESPRIT FOLLET.

vous ne me tuerez pas… puisque l’étonnement et la douleur ne m’ont pas tué.

don louis.

Il n’est plus temps de discourir. Il faut nous battre.

don manuel.

Accordez-moi, don Louis, un seul moment, pour voir si je trouverai une explication qui vous satisfasse.

don louis.

Il n’y a point de satisfaction possible. Si vous entrez par cette porte secrète dans l’appartement de cette malheureuse, que voulez-vous que j’entende après un tel outrage ?

don manuel.

Brisez, don Louis, brisez cette épée sur mon sein, si jamais j’ai su qu’il y eût là une porte communiquant à son appartement.

don louis.

Que faisiez-vous donc renfermé ici, sans lumière ?

don manuel.

Que vous répondrai-je ? J’attendais mon domestique.

don louis.

Ne vous ai-je pas vu vous cachant ? Mes yeux me tromperaient-ils ?

don manuel.

Plus que tout autre organe, la vue est sujette à erreur.

don louis.

Et si mes yeux m’ont trompé, l’ouïe m’aurait-elle aussi trompé ?

don manuel.

Également.

don louis.

En effet, tout me trompe ; vous seul dites la vérité ! Et vous seul cependant…

don manuel.

Arrêtez ; car si vous prononciez un mot de plus, avant qu’il fût achevé, je vous aurais arraché la vie. — Que l’amitié me pardonne ! puisqu’il faut que nous nous battions, don Louis, battons-nous en hommes d’honneur… Mettez ce flambeau entre nous pour qu’il nous éclaire également. Fermez cette porte par où vous êtes entré, pendant que je ferme l’autre… Et puis jetez la clef à terre, afin que le survivant puisse s’enfuir.

don louis.

Je vais mettre ce buffet devant l’armoire, afin qu’on ne puisse pas ouvrir de l’autre côté… malgré tous les efforts qu’on ferait.

Il soulève le buffet.
cosme.

Me voilà pris !

don louis.

Qui est là ?

don manuel, à part.

Quel malheur que le mien !