Ce n’est personne.
Dites moi, don Manuel, ne serait-ce point là le valet que vous attendiez ?
Ce n’est point le temps de vous expliquer sa présence. Je sais que je n’ai rien à me reprocher ; croyez de moi ce que vous voudrez. Nous avons l’épée à la main… il faut nous battre.
Eh bien, je vous attends tous deux.
Vous m’offensez, don Louis, en parlant ainsi. Mais je ne sais que faire de mon valet : le mettre dehors, c’est nous exposer à ses bavardages ; et le garder ici, c’est me donner un avantage sur vous… car il se placera sans doute à mes côtés.
Oh ! si ce n’est que ça qui vous arrête, vous pouvez être tranquille.
Il y a près de l’alcôve un petit cabinet ; vous n’avez qu’à l’y renfermer, et la partie sera égale.
L’idée est fort bonne.
Pour me faire battre on pourrait prendre beaucoup de peines… mais pour m’empêcher de me battre, la moindre précaution est inutile.
Nous voilà seuls.
Alors commençons.
Comme il y va mollement !
Avec quelle vigueur il me pousse !… Mais me voilà désarmé… mon épée n’a plus de garde.
Ce n’est point votre valeur qui est en défaut ; c’est un pur accident… Allez chercher une autre épée.
Vous êtes courtois autant que brave. — (À part.) Ô ciel ! que dois-je faire dans une situation si délicate, puisque, au moment même où il vient de m’ôter l’honneur, il m’accorde la vie ?… Quelle conduite dois-je tenir à son égard ?