Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome III.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
196
L’ESPRIT FOLLET.

don manuel.

Eh bien ! vous n’allez pas chercher une épée ?

don louis.

J’y vais ; et puisque vous m’attendez, je reviens promptement.

don manuel.

Quand il vous plaira ; je me tiens ici à vos ordres.

don louis.

Adieu, don Manuel.

Il sort.
don manuel.

Fermons cette porte, et tirons-en la clef, afin qu’on ne puisse voir qu’il y a du monde ici… Ah ! quelle incertitude et quelle confusion ! j’avais bien raison de penser qu’il y avait une issue sur cet appartement, et que cette femme était la dame de don Louis !… Tout arrive comme je l’avais prévu… Mais il est vrai que le malheur ne trompe jamais

cosme, du cabinet.

Monseigneur, puisque vous êtes seul, au nom du ciel ! ouvrez-moi… car je crains de me trouver face à face avec ce diable d’esprit follet, dans un cabinet si étroit, qu’il n’y a pas de place pour un seul de nous.

don manuel.

Je vais l’ouvrir… ne serait-ce que pour ne pas entendre plus longtemps tes sottises.

Don Manuel ouvre à Cosme.


Entre DOÑA ANGELA, recouverte d’une mante ; DON JUAN paraît à la porte.
don juan.

Vous allez, ingrate, vous tenir ici pendant que je m’informerai du motif qui a pu vous faire sortir à cette heure… Je ne veux pas que vous entriez dans votre appartement pendant cette information. Je vais placer ici un valet qui m’avertira si don Manuel vient à rentrer.

Il sort.
angela, à part.

Hélas ! je tombe sans cesse d’un malheur dans un autre.


Entrent DON MANUEL et COSME.
cosme.

Sortons vite.

don manuel.

Que crains-tu ?

cosme.

Cette femme qui est un démon, et qui partout me poursuit.

don manuel.

Puisque nous savons à présent qui elle est, et qu’il y a un buffet devant cette porte, et que l’autre est fermée à clef, par où veux-tu qu’elle entre ?