prenez de telle façon, que l’on vous est encore plus reconnaissant de la manière dont vous le rendez que du service même.
Donnez-moi votre main, seigneur, et plaise à Dieu que vous possédiez si complétement la faveur du roi, que l’envie, ce redoutable serpent des cours, n’ose jamais prononcer votre nom, et que l’admiration publique le grave en lettres d’or pour la postérité.
Embrassez-moi, don Lope, et ne me remerciez pas de la sorte pour ce que je n’ai pas fait encore. Je ne puis l’oublier, je vous dois l’honneur et la vie, et ce n’est pas avec un simple pardon que j’acquitterai la dette que nous avons contractée envers vous.
Plaise à Dieu, seigneur, que le ciel…
Pas un mot, doña Blanca ; votre silence parle assez haut pour moi.
De toutes vos bontés ce n’est pas celle à laquelle je suis le moins sensible. Vous m’ôtez ainsi l’embarras continuel où je suis près de vous.
Et maintenant, adieu. Je vous laisse, sa majesté m’attend.
Et moi, j’ai à m’occuper d’une affaire.
Je voudrais pouvoir me partager en deux pour vous suivre l’un et l’autre. Mais puisque je suis obligé de choisir, (à don Mendo) mon père me permettra, j’espère, de vous accompagner.
Très-volontiers, et même je suis satisfait de te voir si bien choisir.
Je vous remercie, don Lope. Puisque vous venez avec moi, je n’aurai pas le regret de vous quitter. Mon âme en vous voyant est si contente, si charmée, si heureuse, qu’elle ne voudrait pas s’éloigner de vous un seul instant.
Béatrix, écoute donc.
Que veux-tu ?
Maintenant que nos maîtres ne sont plus là, est-ce que tu ne daigneras pas m’accorder, pour ma bienvenue, un joli petit baiser ?